Mardi 10 juin 2008
2
10
/06
/Juin
/2008
16:14
T. Derbent, aux éditions Aden (Bruxelles) vient de faire paraître un
petit livre sur la résistance communiste au nazisme en Allemagne, de
1933 à 1945. Sa méthodologie est très simple : il recense
et résume brièvement les faits de résistance décrits dans
l'historiographie de la RDA qui sont corroborés par des sources
indépendantes en Allemagne fédérale. Il nous fait redécouvrir ce
chapitre
héroïque de l'histoire du mouvement communiste international qui n'est
guère connu, et encore moins étudié de nos jours.
Pour Derbent, l'étonnant n'est pas de découvrir l'ampleur de la
résistance communiste, mais l'extrême facilité d'accès aux preuves de sa
réalité. La lecture de la sèche chronologie de cette
résistance opiniâtre, qui n'a pas cessé de la nomination de Hitler à
la chancellerie le 31 janvier 1933, jusqu'à la chute de Berlin le 2 mai
1945, rendra aux communistes d'aujourd'hui une grande
fierté de partager le nom et les combats de ces prédécesseurs obscurs
et oubliés, de ces milliers de camarades qui n'ont pas craint d'entrer
dans la gueule du dragon, et aussi une grande
indignation devant la manière dont cette résistance a été sous-estimée
voire carrément niée, comme un chose de peu d'importance par
publicistes et historiens bourgeois.
Les communistes allemands qui ont sacrifié leur liberté, leur
intégrité physique et le plus souvent leur vie dans un combat inégal
contre le Troisième Reich alors tout puissant, dans l'isolement
(moins total cependant qu'on l' a dit ensuite), qui ont été torturés,
assassinés, avilis et calomniés n'ont pas eu droit aux honneurs des
commémorations. Ce qui est normal dans un monde qui préfère
célébrer les victimes quand c'est trop tard que les combattants qui
pourraient servir d'exemple, qui préfère jouer sur la corde
émotionnelle, pour provoquer la sidération des peuples devant
l'histoire, présentée comme destin tragique et inéluctable.
Les survivants peu nombreux, comme Érich Honnecker, ont pour la
plupart intégré l'appareil d'État de la RDA et ses services de sécurité.
La diabolisation dont ils ont fait l'objet, puis la
répression depuis 1989 a permis d'alourdir la chape de plomb qui pèse
maintenant sur la mémoire de la résistance communiste allemande, c'est à
dire manifestement sur la plus grande partie de cette
résistance, en nombre, en qualité, et par ses effets militaires. GQ,10
juin 2008
Commentaires