À en croire la plupart des historiens, « jusqu’en 1938, il n’y
eut en Allemagne aucune résistance organisée ». Et l’on attribue souvent
sa naissance, en 1939, à des aristocrates et des grands bourgeois.
Quant aux ouvriers, à en croire David Schoenbaum, « ils furent
incapables d’organiser la moindre résistance efficace. Les protestations
marginales qui s’élevèrent de 1933 à 1939 étaient d’ordre économique et
non politique ; elles reposaient, semble-t-il, non sur une opposition
fondamentale mais sur une question d’horaires et de salaires. »
Qu’était-il advenu alors du puissant Parti Communiste Allemand
(KPD) ? Au moment de l’interdiction du KPD, ses formations
paramilitaires comptaient plus de 100 000 militants. La Ligue
Antifa comptait de son côté 250 000 membres. La répression nazie
fit des vides terribles dans cette masse de militants aguerris et les
rescapés qui n’avaient pas pu quitter l’Allemagne avaient le choix entre
trois attitudes. Une partie d’entre eux, découragée par la terrible
défaite du mouvement communiste, privée d’encadrement et intimidée par
la terreur d’État, allait se retirer du combat politique, et un tout
petit nombre allait collaborer avec le régime.
C’est par dizaines de milliers qu’ils adoptèrent une position de
résistance. Mais pour une majorité d’entre eux, il y avait loin de cette
position à une action collective, organisée et efficace. Les
organisations du Parti était démantelées, les cadres emprisonnés ou
exilés, les sympathisants surveillés. Mais des organisations
clandestines du Parti se constituèrent très vite et c’est l’histoire
oubliée de cette résistance communiste que T. Derbent raconte dans son
livre.
T. Derbent, La Résistance communiste allemande (1933-1945), éditions Aden, 10 euros, 240 p.