La Résistance communiste allemande (1933-1945)
(note de lecture parue dans Gavroche n° 155, juillet 2008) | de T. Derbent Aden, 2008, 115 p., 10 € |
Tous
les aficionados de l’histoire des mouvements ouvriers sauront gré à T.
Derbent (à qui l’on doit déjà de très bons ouvrages sur Clausewitz,
publiés aussi chez Aden) de sortir de l’oubli les communistes allemands
qui résistèrent au IIIe Reich. Son livre offre en peu de pages une dose
d’informations concrètes, ainsi que quelques iconographies et une
bibliographie sur les principales organisations clandestines que le
géant KPD laisse derrière lui après son interdiction.
On suit de grands noms, tels ceux de Beimler, Renn, Walter Ulbricht ou
Thaelmann et des milliers d’inconnus, en Espagne, en camps de
concentration, dans les rangs de la future bureaucratie est-allemande,
et ceux qui étendirent parfois leur action dans des endroits plus
inattendus, jusque dans les rangs des FTP. Un pur livre d’histoire, une
chronique de cette résistance qui embrassa toutes les formes de lutte
possibles.
Même si l’auteur nous emmène doucement vers un début
de véritable historiographie, parfois il se laisse trop peu de place
pour développer de véritables réflexions de son travail minutieux
d’historien. Dommage.
Il s’agit de faire quitter le passé à cette
résistance pour la faire rentrer dans l’histoire. Cet ouvrage, en plus
d’être un début de piste en attendant d’autres travaux, est aussi un
appel à l’étude de cette dernière, oubliée par l’historiographie
française et ouest-allemande, au profit des mythes de l’Allemand docile
laissant seuls des militaires putschistes – et passablement
réactionnaires – s’occuper de politique. T. Derbent nous rappelle
d’ailleurs fort à propos que des gens comme Otto Wolfgang, bourreau SS
et assassin de Thaelmann, ont intégré sans difficulté le milieu
universitaire en RFA.
Jules Crétois |