8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 09:17

Thierry Derbent, La Résistance communiste allemande, 1933-1945, Aden, Bruxelles, 2008.

9782930402659

Thierry Derbent part du prémisse que l'historiographie occidentale, soit nie l'existence d'une quelconque résistance antinazie allemande, soit met en lumière seulement la résistance des militaires et des conservateurs, résistance que symbolise et résume l'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler. Il ne fait pour lui aucun doute que la résistance communiste est délibérément, pour des raisons idéologiques, ignorée. Son petit ouvrage vise donc à donner une image complète des actions de cette résistance communiste afin de lui rendre sa juste place au sein du mouvement antinazi.

 

Dans un premier chapitre, Thierry Derbent montre que, face à la montée du nazisme en Allemagne, les communistes furent les seules à affronter les nazis physiquement dans la rue, et que si, après la prise du pouvoir par Hitler, la social-démocratie fut tétanisée, le Parti communiste fut le seul à tenter de résister. Un chapitre montre ensuite les efforts communistes pour maintenir des réseaux militants dans l'Allemagne nazie. Ces réseaux, régulièrement démantelés et ses membres exécutés, renaissent sans cesse jusqu'en 1944 et l'arrivée des armées alliés. A l'étranger, les communistes en exil reconstituent une organisation et de nombreux militants vont se retrouver en Espagne au sein des Brigades internationales pour continuer la lutte antifasciste.

 

Les quatre derniers chapitres couvrent la période de la Seconde Guerre mondiale. L'un retrace la place des communistes au sein des résistances des différents pays occupés. Le lecteur apprend ainsi que les communistes allemands se battirent comme partisans en France au sein des FTP mais aussi en Grèce, en Yougoslavie, en Slovaquie et même en Union soviétique. En Allemagne, la résistance militaire communiste prend la forme de la participation des militants aux réseaux de renseignements soviétiques. Un chapitre traite du comité "Allemagne libre", formé en URSS après la victoire de Stalingrad avec des prisonniers de guerre, dont le maréchal Paulus et des émigrés communistes. Ce mouvement qui se veut l'expression de l'Allemagne antifasciste sera plus tard à la base de la formation de la RDA. Mais le chapitre le plus émouvant est celui qui traite de la résistance communiste dans les camps de concentration lorsque l'on sait que les communistes allemands furent dés 1933 les premières victimes du système concentrationnaires. Des communistes passèrent ainsi plus de 12 ans dans ces camps et organisèrent dans des conditions très périlleuses des réseaux de résistance et d'entraide qui profitèrent plus tard aux communistes déportés des pays occupés.

 

Le livre de Thierry Derbent est d'une lecture facile et agréable. Il permet la découverte de certains aspects essentiels de l'activité communiste à l'époque nazie, notamment au cœur de l'Allemagne, alors que l'action des communistes allemands en exil, que ce soit en Espagne puis plus tard en URSS, est déjà bien connu.

 

Le lecteur ne peut alors que regretter certains parti pris de l'auteur notamment sur les causes de l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Rejeter la faute sur les seuls sociaux-démocrates revient à adopter l'interprétation stalinienne des évènements. Quelques mots sur l'attitude des communistes allemands lors de la période du pacte germano-soviétique et sur la remise aux autorités nazies de communistes allemands en exil à Moscou, comme Margarete Buber-Neumann, n'auraient, c'est le moins que l'on puisse dire, pas été de trop. La bibliographie qui ne reprend que des ouvrages publiés dans l'ex-Allemagne de l'Est, c'est à dire antérieur à 1989, laisse également planer quelques doutes sur l'ouvrage de Derbent quand l'on connait la liberté qui était prise quand à l'écriture de l'histoire en Europe de l'Est où l'orthodoxie à la ligne politique primait sur la vérité historique.

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GuideICSerge Wolikow, Alexandre Courban, David François, Christian Oppetit, Guide des archives de l'Internationale communiste, 1919-1943, Archives nationales-MSH Dijon, Paris-Dijon, 2009. 

9782749110356Serge Wolikow (sld), Pierre Sémard, Le Cherche-Midi, Paris, 2007, (Rédaction du chapitre "La mise à l'écart (1929-1932)")

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